Depuis le XIIIe siècle, les santons incarnent une partie essentielle de l’histoire provençale et marseillaise. Ces petites figurines en argile, connues et appréciées bien au-delà de la Provence, représentent non seulement des personnages bibliques, mais aussi des figures emblématiques de la vie quotidienne provençale. Leur symbolique est riche, oscillant entre la foi chrétienne et la résistance populaire face aux interdictions imposées par la Révolution française.
Histoire des santons : un art de résistance
L’origine des santons remonte à une période troublée de l’histoire française, lorsque les églises étaient fermées sous l’effet de la Révolution. Les Marseillais, fidèles à leur esprit de résistance, décidèrent de fabriquer de petits personnages, les « santouns », un terme provençal signifiant « petits saints ». Fabriqués à l’époque en mie de pain ou en papier mâché, ces santons permettaient de garder vivant le culte chrétien malgré l’interdiction des messes de minuit. La petite taille de ces personnages rendait leur dissimulation aisée, leur fabrication devenant un acte symbolique de défi.
Ce n’est que plus tard que l’argile rouge de Provence devint le matériau privilégié pour la création de ces figurines. Les artisans marseillais, en véritables gardiens du savoir-faire local, ont su faire évoluer cette tradition pour en faire un véritable art populaire, en diffusant leur savoir-faire à travers toute la région.
La foire aux santons : un rendez-vous incontournable
Chaque année, au cœur de la ville, la Foire aux santons illumine les rues de Marseille. Cet événement, dont les origines remontent à 1803, est un véritable rendez-vous culturel et festif. À cette époque, trois marchandes s’installèrent au coin de la Canebière pour vendre leurs santons d’argile, lançant ainsi ce qui allait devenir une tradition marseillaise incontournable.
Aujourd’hui, la Foire aux santons se tient du dernier dimanche de novembre jusqu’à fin décembre. C’est l’occasion pour les visiteurs de découvrir une crèche provençale traditionnelle avec ses personnages emblématiques tels que la bugadière (lavandière), le boumian (voleur de poules), ou encore l’Arlésienne. Ces figurines populaires sont devenues des symboles incontournables de la culture provençale, incarnant non seulement l’esprit de Noël, mais aussi un lien profond avec le terroir et les traditions locales.
Les santons : symboles de la Provence
Chacun des santons raconte une histoire et représente les métiers et coutumes du passé. On y retrouve le berger, le meunier, la bergère ou encore le ravi, tous portant des offrandes au Christ nouveau-né. Ces personnages forment une mosaïque vivante et colorée qui reflète l’âme d’une Provence gaie, laborieuse et profondément attachée à ses racines.
Les santons sont également porteurs d’une dimension spirituelle. Inspirés par les premières crèches créées par Saint François d’Assise au XIIIe siècle, ces figurines représentent une piété populaire, proche des gens et de la terre. Aujourd’hui encore, ce savoir-faire se transmet de génération en génération, notamment à Aubagne, Aix-en-Provence et dans le haut Var, où les santonniers perpétuent cet art ancestral avec passion.
La magie des crèches provençales
La crèche provençale est bien plus qu’une simple scène de la nativité. C’est une véritable représentation de la vie provençale avec ses collines, ses oliviers et ses rivières miniatures. À Noël, les crèches illuminent les foyers et les places publiques, rappelant l’attachement des Provençaux à leurs traditions et à leur histoire. C’est aussi un moment privilégié pour les nouvelles générations, qui prennent plaisir à perpétuer cette tradition familiale.
Chaque année, des milliers de visiteurs se pressent à Marseille pour découvrir les crèches et acheter de nouveaux santons, ajoutant ainsi une touche personnelle à leur propre crèche. Ces figurines incarnent à la fois la foi, l’histoire et l’identité provençale, tout en apportant une touche de magie et de nostalgie à chaque Noël.
